Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 609 / 21 ³ Pourquoi avoir organisé cette exposition ? Elle est le fruit de plusieurs facteurs. D’une part, elle fait suite à la très belle exposition Méroé, un empire sur le Nil , organisée au musée du Louvre en 2010 et qui avait rencontré un beau succès ; la présente manifestation se place chronologiquement avant le royaume de Méroé mais s’inscrit dans cet héritage de grandes expo- sitions dédiées à l’Égypte. D’autre part, j’ai été amené pendant ma carrière à m’intéresser à l’archéo- logie du Soudan où se trouvent les principaux vestiges de cette civili- sation kouchite et, depuis 2007, le musée du Louvre fouille au Soudan. C’est d’ailleurs grâce à ces fouilles et aux nombreuses recherches internationales menées sur cette civilisation qu’aujourd’hui nous la connaissons mieux ; nous souhaitons ainsi exposer les derniers résultats de la recherche en train de se faire. Enfin, notre présentation, riche en hiéroglyphes, se place dans le cadre des commémorations du bicentenaire de leur déchiffrement par Champollion. ³ Quelles sont les bornes chro- nologiques et géographiques de l’exposition ? Racontant l’épopée de la conquête de la vallée du Nil par les souverains kouchites, l’exposition se concentre sur les VIII e et VII e siècles avant notre ère. Mais pour comprendre cette civilisation, nous devons aborder son contexte et sa genèse. Elle prend naissance dans la vallée du Nil Moyen, dans l’actuel Soudan, entre la 2 e et la 6 e cataracte, vers 1 000 avant notre ère. Ses siècles initiaux sont mal connus ; les premiers témoignages solides sont véritablement attestés peu VIII e siècle avant notre ère dans l’actuel Soudan : des souverains, longtemps placés sous domination pharaonique, prennent de l’importance et se lancent à la conquête de toute la vallée du Nil. Ce sera la fameuse 25 e dynastie, dite « kouchite ». Ces siècles d’histoire, singuliers et brillants, sont pour la première fois mis en lumière au travers d’une magistrale exposition présentée au musée du Louvre. Entretien avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes et commissaire de l’événement. Propos recueillis par Éléonore Fournié Exposition Sphinx de Chépénoupet. Chépénoupet II est figurée sous forme d’un sphinx à tête de femme dont les pattes avant sont remplacées par des bras qui enserrent un vase nemset , une aiguière utilisée pour les libations. Son couvercle en forme de tête de bélier désigne l’objet comme étant associé à Amon. Elle porte une perruque à larges volutes inspirée de coiffures bien connues de l’époque du Moyen Empire. Fille de Piânkhy et sœur de Taharqa, Chépénoupet II occupa pendant plusieurs décennies la position de Divine adoratrice d’Amon, une charge très importante auprès du clergé thébain du dieu et occupée par des femmes de la maison royale. Berlin, Ägyptisches Museum. © BPK, Berlin, dist. RMN-Grand Palais / Jürgen Liepe / SP p n Enseigne divine au sphinx du roi Taharqa debout sur un pavois. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps / SP

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