Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 608 / 45 Les archives nous éclairent assez précisément sur l’âge d’or de la piraterie, qui s’étend entre les années 1650 et 1730. Ces pirates, généralement d’origine européenne, font connaître leurs actes de malveillance le long des côtes d’Amérique, dans la mer des Caraïbes ou dans l’océan Indien. Quand la plupart d’entre eux restent méconnus, certains deviennent de véritables légendes, per- sonnages emblématiques et historiques marquant leur époque. Leurs prises, voyages, faits d’armes, alliances et morts sont relatés par les observa- teurs contemporains, tels que l’écrivain britannique Daniel Defoe ou le chirurgien embarqué et flibustier français Alexandre-Olivier Oexmelin. Cependant, les aspects de leur vie quotidienne à bord ou à terre, la connaissance détaillée de leurs navires, de leurs cargaisons et trésors, ou de leurs points de chute demeurent peu évoqués dans la littérature (la fiction étant, elle, trop souvent éloignée de la réa- lité). Toutefois, grâce à l’archéologie de la piraterie, nous pouvons, depuis une cinquantaine d’années, nous en faire une meilleure idée à travers le monde entier. Et, depuis les années 1980, les archéologues se sont focalisés sur des problématiques bien par- ticulières, notamment sur la véracité de l’identifica- tion d’un site pirate et sur l’analyse de cette culture matérielle spécifique. C’est ainsi qu’à la suite de recherches américaines qui ont permis de décou- vrir plusieurs épaves pirates, une équipe de spécia- listes français et internationaux a décidé de créer en 2019 un programme dédié à cette archéologie de la piraterie des XVII e et XVIII e siècles. Dirigé par Jean Soulat et John de Bry (Center for Historical Archaeology, Floride), ce programme de recherche, soutenu par plusieurs universités et organismes scientifiques, repose sur la base d’une association ADLP - Archéologie de la Piraterie. Peu développée en France et en Europe, l’archéologie de la piraterie est une thématique de recherche récente. Par-delà l’imagerie d’Épinal du pirate armé jusqu’aux dents et fendant les flots, elle permet de mieux connaître le mode de vie de ces hors-la-loi de la mer, grâce aux épaves retrouvées – huit en tout - et révèle peu à peu les grands foyers de piraterie terrestre. Par Jean Soulat, archéologue au Laboratoire LandArc, chercheur associé au Centre Michel de Boüard de l’université de Caen Normandie (CRAHAM – UMR 6273 CNRS), co-président du programme de recherche Archéologie de la Piraterie Patrick Lizé remontant quelques objets du Speaker 1702, île Maurice. © Y. Halbwachs PAGE DE GAUCHE. Mesure d’une des ancres du Speaker 1702 au cours de la mission de novembre 2021. © Y. von Arnim

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