Extrait Archéologia

60 / ARCHÉOLOGIA N° 608 L’histoire urbaine de Rouen voit se succé- der trois systèmes de fortifications dont les emprises vont grandissantes. Héritée de l’Antiquité tardive, l’enceinte gallo-romaine est un quadrilatère dont on connaît les côtés ouest, nord et est et dont on estime la sur- face entre 15 et 25 ha. Elle perdure jusqu’à la période ducale durant laquelle un palais, la Tour de Rouen ou Vieille Tour, renforce l’angle sud-est. Une deuxième enceinte est construite au XII e siècle par les Plantagenêts et porte la surface intra-muros à 80 ha. Après la conquête de la Normandie, le roi de France Philippe Auguste assure son contrôle sur la ville en faisant bâtir le château Bouvreuil au nord. À partir de 1346, soit au début de la guerre de Cent Ans, une ultime campagne de fortification, due à Philippe VI de Valois, permet la restauration des ouvrages exis- tants et une extension vers l’est, incluant les quartiers des drapiers et la rivière du Robec. Lors de cette même guerre, une nouvelle forteresse est érigée par les Anglais dans l’angle sud-ouest, le Vieux Palais. C’est à ce dernier état du XIV e siècle qu’appartient la porte Saint-Hilaire, alors l’une des princi- pales entrées de la ville, localisée entre les portes Martainville et Beauvoisine. Dans ce secteur, seules subsistent de cette époque la grosse tour dite du Colombier et la base d’une courtine localisées dans le centre hos- pitalier universitaire Charles-Nicolle. Sauf mention contraire, toutes les photos sont créditées © Éric Follain. Proposition de restitution de l’état de la porte pendant la guerre de Cent Ans. Une surveillance archéologique mise en œuvre à l’été 2021, à la faveur de travaux de voierie à la jonction des boulevards de Verdun et Gambetta, place Saint-Hilaire à Rouen, a laissé apparaître de nombreux vestiges d’une porte médiévale fortifiée aujourd’hui disparue. Témoin d’épisodes historiques majeurs dans la cité normande, elle livre d’importants éléments qui, combinés avec une recherche iconographique aux résultats inespérés, permettent d’offrir deux propositions de restitutions, l’une de l’état du XIV e siècle et l’autre du XVI e siècle. Par Éric Follain, docteur en archéologie LA porte Saint-Hilaire À ROUEN RENAISSANCE D’UNE FORTIFICATION DISPARUE Patrimoine

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