Extrait Archéologia

52 / ARCHÉOLOGIA N° 606 Quelle image avons-nous aujourd’hui de la Grèce antique ? Celle d’un monde immortalisé par ses mythes extraordinaires et figé dans le marbre éclatant de ses ruines, alors que la polychromie y était reine. La blancheur de ces vestiges nous interpelle au premier regard, dans les musées et sur les sites archéologiques, ce blanc antique qui semble si parfaitement faire écho au paysage moderne et pittoresque des Cyclades. C’est pourtant un mirage sur lequel l’identité occidentale s’est en partie construite, en se revendiquant comme l’héritière d’une civilisation grecque idéalisée. Par Joy Rivault, docteure en Histoire, Civilisations et Archéologie des Mondes Antiques Athéna Parthénos. Sculpture romaine de marbre d’après l’original grec de Phidias, réalisée en or et ivoire pour le Parthénon entre 447 et 432 avant notre ère. H. 103 cm. Athènes, musée national archéologique. © Luisa Ricciarini / Leemage PAGE DE DROITE. Proposition de reconstitution colorée de la statue d’Athéna Parthénos. Aquarelle de Peter Connolly en 1998. © akg-images / Peter Connolly Enquête LE MYTHE DE LA Grèce blanche De l’usage des couleurs dans l’architecture et la société grecques Dans la Grèce antique, le blanc était syno- nyme d’inachèvement. C’est donc la poly- chromie qui primait dans le paysage urbain, la peinture étant le marqueur de la finalité d’une œuvre. L’usage des couleurs dans la sculpture et l’architecture grecques permet- tait de souligner certains éléments de décor qui n’avaient ainsi pas besoin d’être sculptés, comme les motifs sur les vêtements des sta- tues par exemple. La couleur était un élément décoratif précieux, elle fut donc beaucoup utilisée pour rendre hommage aux dieux. Les statues divines les plus estimables étaient chryséléphantines (en or et ivoire), comme celle d’Athéna Parthénos, l’une des œuvres les plus célèbres du sculpteur Phidias,

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