Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 602 / 61 Serrure à l’effigie d’Hercule. Datée de la fin du II e ou du début du III e siècle de notre ère, cette plaque rectangulaire en tôle de bronze est ornée d’un cache-entrée représentant un buste d’Hercule aux yeux incrustés d’argent. Le héros aux cheveux longs et bouclés est jeune. L’arrière de sa tête ainsi que ses épaules sont couverts de la peau du lion de Némée. Cette serrure était probablement celle d’un coffre à couvercle coulissant. PAGE DE GAUCHE. Vue du musée archéologique Émile Chénon. Des caves et des puits intrigants Les recherches se poursuivent au XX e siècle. En 1956, à la suite de la découverte dans un jardin privé d’une nouvelle cave à amphores de vin italien, les fouilles reprennent sous la direction d’Émile Hugoniot, professeur de Lettres Classiques, et de Jacques Gourvest, archéologue et céramologue. Des années 1950 à 1970, ces deux chercheurs réalisent des campagnes de sauvetage au cours des- quelles d’autres caves à amphores, des puits ainsi que les remparts successifs de l’oppi- dum sont explorés. Aujourd’hui une vingtaine de caves, utilisées entre 200 à 75 avant notre ère, a été iden- tifiée sur le site. Si elles étaient vraisembla- blement destinées au stockage, on ignore la nature des bâtiments qui les surmontaient (maisons privées ou entrepôts de négo- ciants en vin ?), de même qu’il est difficile de savoir si le vin était ensuite redistribué vers d’autres oppida et si Mediolanum était une plaque tournante du commerce du vin… Quant aux puits, une trentaine nous est parvenue : ils datent majoritairement de la période gallo-romaine (section circu- laire), même si certains (de section carrée) En partie enfoui sous le sol de la ville actuelle, le passé antique de Châteaumeillant a dès le XVI e siècle suscité la curiosité des habitants. Mais ce n’est qu’à partir du XIX e siècle que se manifeste un véritable intérêt des spécialistes de l’âge du Fer (vers 800 avant notre ère- fin du I er siècle avant notre ère). Intimement lié aux tra- vaux archéologiques, le musée s’est ainsi consti- tué et enrichi au fil de découvertes qui ont per- mis de mieux cerner l’histoire de ces Gaulois et Gallo-Romains du centre de la France. Émile Chénon, le précurseur Tout commence à la fin du XIX e siècle, lorsque Émile Chénon (1857-1927), juriste et passionné d’histoire, entreprend des recherches au cœur de son Berry natal sur le site de Mediolanum. Cet éru- dit n’a de cesse de recueillir les témoignages d’ha- bitants, d’inventorier les trouvailles fortuites ou d’acquérir d’intrigants puits, où des découvertes ont été faites par les habitants de la ville, et qui sont ensuite l’objet de fouilles. Il met ainsi au jour les premières caves à amphores, qui vont égale- ment faire la réputation du site, et rassemble au sein du domaine familial à Acre dans l’Indre, dans un petit musée archéologique, une grande collec- tion, léguée à sa mort à la Société des Antiquaires du Centre de la France (aujourd’hui conservée au musée de Bourges). Auteur de la première Histoire de Châteaumeillant , il y expose ses découvertes et relate l’histoire de la ville. À Châteaumeillant, dans le sud du Cher, le musée Émile Chénon a été intégralement rénové entre 2014 et 2015. Il sert depuis d’écrin à une superbe collection d’archéologie protohistorique et gallo-romaine issue du site de Mediolanum. L’histoire de cet oppidum antique de 24 ha s’offre désormais à la connaissance des visiteurs grâce à une muséographie innovante et moderne. Par Margaux Thuillier, responsable scientifique du musée Émile Chénon

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