Extrait Archéologia n°593

6 / ARCHÉOLOGIA N° 593 I À LA UNE C’est sur prescription de l’État (Drac Bourgogne-Franche-Comté), qu’une équipe d’archéologues de l’Inrap, diri- gée par Carole Fossurier, a mené, en collaboration avec le service archéolo- gique de la ville d’Autun, dans le cadre d’un aménagement privé, une fouille de plus de 1 350 m 2 au cœur de l’antique Augustodunum, capitale des Gaulois éduens. Alors que les trois principales nécropoles de la ville sont en déclin, un nouvel espace funéraire s’implante aux alentours des années 250. Comme le souligne Michel Kasprzyk, archéo- logue spécialiste de l’Antiquité tardive : «Établie au nord-est de la ville romaine, la nécropole de Saint-Pierre-l’Estrier est connue depuis fort longtemps : décrite dès le XVII e  siècle par des érudits, elle livre alors de nombreux vestiges (conservés au musée Rolin) et plusieurs inscriptions chrétiennes (dont la célèbre stèle funéraire de Pektorios) témoignant de la conversion très précoce, à la fin du III e ou au début du IV e  siècle, de cette ville au christianisme. » Diversité des pratiques funéraires Ces opérations ont d’abord révélé, grâce à plus de deux cents sépultures, la diversité des pratiques funéraires entre le milieu du III e et le milieu du V e  siècle, au moment où la Gaule romaine se christianise. Responsable adjoint de la fouille, Nicolas Tisserand détaille : « nous avons découvert plu- sieurs modes d’inhumation : outre les imposants mausolées, qui ont fait l’objet de récupérations importantes, ont été décelés une tombe en bâtière et un coffrage en tuiles rappelant cer- taines pratiques funéraires du Haut Empire, des cercueils en bois, cinq sar- cophages en grès et quinze en plomb (portant parfois des signes en « X » difficiles à interpréter), voire pour les très jeunes individus des tombes en amphore. Si nous savions déjà, grâce aux fouilles anciennes, que la zone livrerait des sépultures en plomb, nous avons été surpris d’en trouver autant ! Autun demeure à la tête d’un des plus grands ensembles de cercueils en plomb de Gaule. » Toutes ces structures ont néanmoins subi les assauts du temps et présentent des états de conservation Une nécropole hors du commun à Autun Nous vous en avions parlé dans le numéro de septembre d’ Archéologia (n° 590) : les fouilles qui se sont déroulées à Autun au cours de l’été 2020 au cœur de la nécropole de l’église paléochrétienne de Saint-Pierre-l’Estrier sont véritablement exceptionnelles. Au terme de leurs recherches sur le terrain, les archéologues ont dévoilé, outre un nombre stupéfiant de sépul- tures (231), un mobilier rare et précieux de la fin de l’Antiquité. Summum de l’art verrier romain, ce vase portant l’inscription Vivas feliciter (« Vis en félicité ») était réservé à d’éminentes figures, sans doute proches du pouvoir impérial. © Bérénice Bétend-Desgranges, Inrap « Fagot » d’épingles en ambre déposé au pied d’un individu, dans un sarcophage en pierre. © Bérénice Bétend-Desgranges, Inrap

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