Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 587 / 55 Fouilles et surveillances, place Sadi Carnot en 2000 et 2001. Sur cette vue prise depuis le clocher de l’église, on voit la succession des structures dégagées : fontaine, rue, portique, boutiques, bas-côté nord de la basilique et stylobate de sa colonnade nord. © É. Follain le socle d’une fontaine, une voirie encom- brée de blocs erratiques, un trottoir, une enfilade de cinq boutiques carrées et une fondation. Les monnaies indiquaient une phase de construction sous les Antonins (soit au II e siècle de notre ère) et une phase de récupération de matériaux de la fin du III e siècle au début du IV e siècle. Le plus gros bloc abandonné était une borne pré- sentant une inscription à l’empereur Carin (284-285). Des prospections géophysiques furent menées en 2001"; puis en 2005, une parcelle au sud du secteur fit l’objet d’un diagnostic. Les tranchées révélèrent alors la présence de murs antiques aux éléva- tions importantes – pour une hauteur mini- male de 2,50 m à 3 m. La dernière opéra- tion, en 2016, est un diagnostic réalisé par M. Adrian de l’Inrap. Ces vestiges du Haut- Empire, très a#eurants, consistaient en un ensemble de murs perpendiculaires, dont le plus important, conservé sur plus de 2 m de haut et 1,50 m de large, traversait la parcelle du nord-est au sud-ouest et était épaulé de puissants contreforts quadran- gulaires. Un mur de plus petites dimensions Quelques acquis, parfois très récents, font l’unanimité quant à la composition du forum gallo-romain : ce complexe ne trouve sa place qu’au sein d’une capitale de cité"; sa composition architecturale et urbanistique la plus courante, dans la partie occidentale du monde romain, est un schéma tripartite comprenant une basilique civile, un lieu de culte le plus souvent dédié au culte impé- rial et une place publique entourée de por- tiques et de boutiques. Cette place rectan- gulaire nécessite souvent la mise en place d’énormes remblais (platée) soutenus, sur un et jusqu’à quatre côtés, par une gale- rie souterraine appelée cryptoportique"; celui-ci est un lieu de promenade, de com- merce ou de stockage. On connaît en Gaule quelques exemples comme à Bavay, Feurs, Arles et Reims. Des fouilles de longue haleine Jusqu’à récemment, l’emplacement exact du forum de Juliobona, établi place Sadi Carnot, était resté purement conjoncturel. À la toute fin du XIX e siècle, seuls avaient été signalés quelques vestiges antiques tels des blocs moulurés en calcaire et des frag- ments de murs. D’autres indices semblaient corroborer cette localisation : l’existence de voies romaines orthonormées, d’un théâtre gallo-romain situé à moins d’une centaine de mètres et, topographiquement, la présence d’une terrasse dominant de quelques mètres le fond de la vallée a#uente à celle de la Seine et les installations portuaires. Si on est loin de disposer d’un plan com- plet de l’ensemble, les découvertes de l’ar- chéologie préventive ont permis, depuis une quarantaine d’années, de préciser ces données. Dans le courant des années 1970 est ainsi mis au jour un ensemble de murs suggérant la présence d’une zone d’entre- pôts. Plus vers l’est, une ligne de blocs et un sol grossier pourraient être associés à une voirie alors que des maçonneries relevées encore plus à l’est seraient des parements e$ondrés, révélateurs d’une architecture monumentale. La découverte en 1990 de puissantes fondations a enfin donné une véritable consistance à l’hypothèse d’un forum à cet emplacement. Lorsqu’en 2000, la municipalité de Lillebonne décida de réaménager la place, l’apparition de struc- tures restantes entraîna la réalisation d’une opération préventive, sur deux tiers de l’em- prise. Du nord au sud, on rencontra alors

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz