Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 583 / 53 partagée à travers le bassin méditerranéen, la Koiné . Mais comment, cinq décennies après la tombe de Tarquinia, la figure d’un plongeur a pu apparaître sur une tombe de la Grande Grèce*!? Si les tombes étrus- ques, dont la tradition voulait qu’elles soient ornées de scènes figuratives, étaient visibles le jour des funérailles, elles étaient ensuite scellées. La tombe de Paestum « est une des rares tombes peintes connues dans le monde grec du V e siècle notre ère, et l’unique à être décorée de scènes figurées », rappelle D. Warland. Elle n’a néanmoins plus rien de l’ostentation de sa cousine étrusque, où l’homme se jette dans une mer ondulée, symbolisant alors le passage entre la Terre et les eaux matri- cielles, entre le connu et l’inconnu, entre la Située au sud de Naples, Paestum (Posei- donia pour les Grecs) était une halte pri- vilégiée des aristocrates, à l’époque du Grand Tour. Un prêtre local raconte que les Bourbons venaient à cheval pour y admi- rer ses temples antiques. Dans les années 1950, Jean-Paul Sartre et Simone de Beau- voir perpétuent cette tradition avec leur ami Claude Lanzmann, revenu là « à tous les âges de la vie ». Mais ce n’est qu’en 1968 que fut découverte par l’archéologue Mario Napoli la fresque grecque du célèbre plongeur, au sujet duquel le réalisateur de Shoah dira : « Jamais je n’aurais ima- giné être touché en plein cœur, tremblant et bouleversé au tréfonds de moi-même, comme je le fus le jour où il m’apparut, arc parfait, semblant plonger sans fin dans l’espace entre la vie et la mort. » D’une tombe à l’autre Poseidonia était, grâce à sa position géogra- phique, « l’intermédiaire commercial privilé- gié entre l’Italie centrale et la Grande Grèce », souligne la chercheuse belge Daisy War- land. Dans cette cité riche d’une population grecque, étrusque et italique hellénisée, on communiquait dans une langue véhiculaire L’un a été peint vers 520 avant notre ère dans une tombe étrusque, à Tarquinia dans le Latium, l’autre vers 480- 470 avant notre ère, dans une tombe grecque, au sud de Paestum. Cinquante ans et environ 400 kilomètres séparent ces deux figures de plongeurs, représentations uniques de ce thème dans l’Antiquité. Qui sont-ils!? Enquête en eaux profondes dans les méandres culturels entre Grèce et Étrurie. Par Pascal Corazza Mer Tyrrhénienne Tarquinia Rome Paestum Mer Adriatique La Grande Grèce est le nom que les Grecs de l’Anti- quité utilisaient pour désigner les côtes méridionales de la péninsule Italienne CI-CONTRE. Emplacement de la ville étrusque de Tarquinia et de la ville grecque de Poseidonia (Paestum). © Éditions Faton PAGE DE GAUCHE, À GAUCHE. Le plongeur de Tarquinia. Détail de fresque de la tombe de la Chasse et de la Pêche, 530 avant notre ère, nécropole de Monterozzi. © Luisa Ricciarini / Leemage À DROITE. Le plongeur de Paestum. Détail de la fresque de la tombe du cimetière sud de Paestum. 480-470 avant notre ère. Paestum, musée archéologique national. © Luisa Ricciarini / Leemage

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