Extrait Archéologia

4 / ARCHÉOLOGIA N° 571 I À LA UNE Le 28 septembre 2018, la revue Science a mis en ligne un article substantiel dans lequel nous avons collaboré. Cet article s’inscrit dans un vaste eĵort collectif international destiné à l’analyse de l’imagerie LiDAR en zone maya. Il fera date dans l’histoire de la recherche car il renouvelle profondément certains paradigmes, notamment en termes de densité de population, de réseaux de communication inter-cités, d’aména- gements du paysage et d’exploitation du milieu à des fins agraires et hydrau- liques. Parmi les huit projets archéo- logiques (la plupart nord-américains), qui ont pris part à cet eĵort portant sur plus de 2100 km 2 de couverture LiDAR (financé par la Fondation Pacunam), figure le Projet Naachtun. Cette mission archéologique franco-guatémaltèque, dirigée par Philippe Nondédéo, com- prend une composante environnemen- tale forte cordonnée par Cyril Castanet. L’analyse de l’imagerie LiDAR du site de Naachtun et de son territoire (environ 135 km 2 ) a mobilisé des doc- torants de l’université de Paris 1 et des chercheurs et ingénieurs du CNRS (Archam et LGP). Elle a bénéficié de financements du LabEx Dynamite, du ministère de l’Europe et des Aĵaires étrangères, de l’entreprise Perenco ainsi que de la Fondation Simone et Cino Del Duca. Du nouveau chez les Mayas Cette année, au Guatemala, des découvertes ont pu être faites dans la forêt tropicale des Basses Terres centrales mayas grâce à la mise en œuvre d’une nouvelle technologie aéroportée, le LiDAR (Light Detection And Ranging) . Cette technologie, appliquée au milieu fores- tier, permet de créer des modèles numériques de terrain à partir des- quels l’étude du microrelief du sol devient possible ; elle renouvelle ainsi en profondeur notre connaissance de l’habitat, de l’aménagement du territoire et de la gestion des ressources par les populations mayas. Aménagements hydrauliques du marais de Naachtun à des fins d’agriculture intensive et de gestion de l’eau. En blanc, les canaux et les champs cultivés. En bleu, les réservoirs. © Projet Naachtun/C. Castanet Une forte densité de population Parmi les grands enseignements de cette première phase d’étude figure la den- sité de l’occupation humaine dans cette région du nord du Petén, bien supérieure à ce que l’on imaginait jusque-là. Plus de 60000 structures ont été repérées (pour l’ensemble des 2100 km 2 couverts), dont près de 12000 proviennent de la seule cité de Naachtun. Il en résulte une vision assez diĵérente des zones consi- dérées jusque-là comme rurales, et qui s’avèrent être densément peuplées, par- fois autant, sinon plus que les épicentres des cités eux-mêmes. L’implantation humaine est quasi-totale, et rares sont les espaces laissés libres, lesquels se limitent, en définitive, aux zones tem- porairement inondables (les bajos ). La densité moyenne sur le territoire de Naachtun est de l’ordre de 89 structures au km 2 mais atteint 116 structures au km 2 si l’on retranche les 31,5 km 2 que repré- sentent les zones de bajos . La majorité de cet habitat semble dater du Classique récent-Classique terminal (600-950/ 1000 de notre ère), période d’apogée en termes démographiques.

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