Extrait Archéologia

4 / ARCHÉOLOGIA N° 570 I À LA UNE non seulement une prouesse, mais pousse également les spécialistes des datations aux limites actuelles des possibilités de ces méthodes dites par Uranium/Thorium ou U-Th. Des datations revues Pourtant, l’analyse précise de ces mesures nous a amené à publier un commentaire dans la même revue amé- ricaine, Science , parue le 21 septembre, pour démontrer la grande fragilité des dates des grottes de Maltravieso et de La Pasiega; en effet, pour ces der- nières, la chronologie haute proposée doit tout simplement être abandonnée. En revanche, pour le gisement d’Ar- dales, notre analyse critique montre que les datations sont indiscutables et positionnent les parois datées autour de 47000 ans, à une période où, en effet, en Espagne seul l’homme de Néandertal est attesté. Néanmoins, il ne s’agit pas, dans cette cavité, de représentations pariétales à proprement parler, mais d’aplats d’oxydes rouges, assez com- muns naturellement et dont l’origine anthropique n’est, en l’occurrence, pas démontrée. Ainsi, à ce stade, il ne reste plus rien d’un art pariétal supposément néandertalien offrant, sept mois après la publication d’Hoffmann et al. , un rajeunissement remarquable de vingt- cinq millénaires quant à l’origine de l’art pariétal mondial… Une méthodologie à éprouver Plusieurs autres études critiques ont rapidement été publiées après l’ar- ticle d’Hoffmann et al. , dans diffé- rentes revues ( Nature , Journal of Human Evolution …) proposant différents éclai- rages sur un sujet aussi important. Comme nombre de chercheurs, nous pensons que les datations anciennes en elles-mêmes ne poseraient pas de Les mesures radiométriques de l’étude de ces trois grottes (La Pasiega en Cantabrie, Doña Trinidad à Ardales, en Andalousie et Maltravieso en Estrémadure) sont remarquables. Pour deux d’entre elles, des efflorescences de calcite de dimensions millimé- triques ont été datées, ce qui représente Peinture de la grotte de La Pasiega C. C’est le grand signe quadrangulaire situé au centre qui a été daté par Hoffmann et al. © Pedro Saura Ramos Néandertal, l’homme qui oublia de peindre dans les grottes ? Le 23 février dernier paraissait, dans la prestigieuse revue américaine Science , un article rédigé par Hoffmann et al. , qu’ Archéologia pré- senta (voir n o 564) et qui fit grand bruit car il annonçait la décou- verte, dans trois grottes d’Espagne, d’un art pariétal plus ancien que 64 800 ans, reculant ainsi l’origine de cette forme d’expression gra- phique d’au moins vingt-cinq millénaires. Or, en Europe, ne vit à cette époque que l’homme de Néandertal ; ces représentations devaient donc lui être attribuées, induisant un revirement remarquable de nombre de nos conceptions sur cette population.

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