Extrait Archéologia

Exposition 26 / ARCHÉOLOGIA N° 568 Témoins d’une culture romano-barbare à la fin du IV e et au début du V e siècle. Ces plaques de ceinturon masculin en bronze, ces fibules en trompette et cette épingle à cheveux en argent et ambre ont été mises au jour à Saint-Vigor-le-Grand dans le Calvados, dans la nécropole de Pouligny. Bayeux, MAHB – musée d’art et d’histoire Baron Gérard. © Bayeux, MAHB – musée d’art et d’histoire Baron Gérard Ces enceintes urbaines illustrent en réalité le processus de militarisation de la société dans son ensemble. Au cours du IV e et du V e siècle, l’armée s’af- firme en effet comme un acteur essentiel des institutions sociales et politiques de l’Empire romain. Les soldats font et défont les empe- reurs qu’ils choisissent le plus souvent parmi leurs officiers. La carrière militaire étant le meilleur moyen d’accéder aux fonctions publiques et au pouvoir, l’armée devient le principal vecteur d’intégration et d’ascen- sion sociale pour des barbares toujours plus nombreux à être recrutés comme soldats. Venus servir l’Empire et aspirant à bénéficier de ses largesses, ces barbares adoptent ainsi les usages des territoires dans lesquels ils s’établissent. Dès lors, les marques d’appar- tenance à l’armée sont mises en avant pour manifester son autorité politique et sociale, raison pour laquelle les défunts privilégiés emportent désormais dans leur tombe des armes, des ceinturons et des fibules relevant de l’équipement militaire. DES BARBARES AU SERVICE DE L’EMPIRE Pourtant, les fouilles conduites en Normandie, dans les villes comme dans les campagnes, ne livrent pas de trace de ces destructions et violences, qui auraient marqué, au cours du V e siècle, l’installation de ces barbares dans les provinces armo- ricaines. Certes les villes évoluent ; elles se dotent désormais d’une enceinte défen- sive protégeant le centre administratif et les bâtiments des évêchés nouvellement constitués. Seulement la construction de ces enceintes est aujourd’hui perçue comme le résultat de mutations internes de l’Empire romain, plutôt qu’une réponse aux raids épisodiques des pirates saxons et francs le long des côtes de la Manche. « L’armée devient le principal vecteur d’intégration et d’ascension sociale pour des barbares, toujours plus nombreux à être recrutés comme soldats. »

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