Extrait Archéologia

24 / ARCHÉOLOGIA N° 568 Venus en hordes, les barbares se seraient engouffrés dans les Gaules au V e siècle pour y semer le chaos et la désolation, ne laissant derrière eux que des ruines et des terres à l’abandon (voir aussi p. 38). Cette image, qui nourrit encore notre imaginaire collectif, est due aux auteurs latins de l’An- tiquité tardive qui vécurent comme un dou- loureux traumatisme l’effondrement d’un système politique et d’un modèle social qu’ils croyaient éternels. À la Renaissance, cette idée fut remise au goût du jour par des savants soucieux de renouer avec une Antiquité érigée en modèle de vertu, sur le plan politique, et de bon goût, sur le plan des arts. Cette représentation des barbares prospéra après la Révolution française puis fut mise au service des prétentions natio- nalistes jusqu’à symboliser toutes formes de comportements brutaux et abjects. VOUS AVEZ DIT barbares ? Les temps mérovingiens en Normandie Le Hun, figure du barbare cruel. Cette image a longtemps été transmise par les manuels scolaires. Gravure d’Alphonse de Neuville, extraite de L’Histoire de France racontée à mes petits- enfants , François Guizot, t. 1, Paris, Hachette et C ie , 1872. Coll. privée. © Musée de Normandie – Ville de Caen/O. Caillebotte, Archiveuro Au travers de sa nouvelle exposition, le musée de Normandie invite le visiteur à voyager dans le temps à la rencontre des Mérovingiens. Plus de 900 objets, pour la plupart inédits, y illustrent quatre siècles de notre histoire, du V e siècle au milieu du VIII e siècle. Si on a longtemps voulu croire que les barbares étaient responsables de la fin du monde romain, c’est pourtant une toute autre image que nous livre l’archéologie aujourd’hui. Par Vincent Hincker, Service d’archéologie du département du Calvados et Sandrine Berthelot, conservatrice en chef, musée de Normandie, Caen, commissaires de l’exposition Exposition

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz