Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 563 / 35 BETA GIYORGIS (ÉGLISE SAINT-GEORGES) À LALIBELA Fin XII e siècle-début XIII e siècle. © É. Fournié Peu à peu pourtant, des voyageurs européens et les historiens ont produit des aperçus plus réalistes, moins mystérieux mais certainement plus attachants de l’histoire de ce pays et de ses populations – même si cette image rec- tifiée n’a pas pleinement percolé au sein du grand public. Pour les historiens, la tâche est ardue, car si l’Éthiopie détonne du reste de l’Afrique sub-saharienne par ses abondantes sources écrites, l’essentiel de ces textes ne donne que le point de vue très particulier des religieux chrétiens des hauts plateaux. La démystification du passé de l’Éthiopie doit donc énormément aux travaux menés sur le terrain par les archéologues et les paléonto- logues, explorant un formidable patrimoine historique, préhistorique et paléobiologique. Fantasmée, l’Abyssinie aura été tour à tour un royaume médiéval richissime dont le roi-prêtre très chrétien aurait aidé à prendre l’islam en tenaille, le pays de l’an- tique reine de Saba dont les amours avec Salomon engendrèrent la dynastie impé- riale qui régna jusqu’en 1974, une terre mystique couverte de miraculeuses églises monolithiques et, plus récemment, le ber- ceau de nos origines identifié par la mise au jour de la matriarche fossile de l’huma- nité toute entière : l’australopithèque Lucy, née d’un changement climatique (une ari- dification qui aurait produit une expansion de la savane favorisant l’acquisition de la bipédie) et de l’effondrement de la grande vallée du rift.

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