Extrait Art de l'Enluminure

4 Art de l’enluminure Page de droite : NAL 82, reliure, détail du plat supérieur. I l y a 450 ans, le 24 août 1572, notre pays était le théâtre de l’un des épisodes les plus sombres de son histoire, le massacre de la Saint- Barthélemy. Cette nuit-là, à Paris, un certain Mathurin Lussault, prospère orfèvre de confession calviniste, « oyant sonner la sonnette de sa fenestre, descendit en bas, et comme il ouvroit la porte, fut transpercé d’espée » 1 . Son fils, sa femme (à laquelle on coupa les poings pour lui voler ses bracelets d’or) et sa servante furent pareillement assassinés, comme tant de protestants parisiens. Or, ce Lussault était l’orfèvre de la reine-mère Catherine de Médicis. Dès le lendemain, Catherine envoya des hommes pour fouiller sa maison et retrouver les objets précieux qu’elle avait commandés, qu’on retrouva cachés… dans la fosse d’aisance 2 ! Avec ce drame, la reine avait perdu l’un de ses fournisseurs les plus talentueux. Peu de temps avant son terrible trépas, Lussault lui aurait en effet fourni les émaux de la reliure d’un exceptionnel livre-bijou, l’un des fleurons du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (NAL 82) : le livre d’heures de Catherine de Médicis. Cet ouvrage unique résume à lui seul tous les contrastes et les enjeux d’une période de grands fastes et de grands drames. Derrière son luxe tapageur, il nous fait entrer dans l’intimité de l’une des plus grandes reines de France. Les récentes études que nous avons consacrées à cet ouvrage, sa restauration qui vient de s’achever et la numérisation permise par cette dernière permettent d’actualiser les connaissances réunies au sujet de l’un des manuscrits les plus fascinants de la Renaissance française. Le livre d’heures de Catherine de Médicis Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine au musée Condé, château de Chantilly Maxence Hermant, conservateur des bibliothèques au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France

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