Extrait Art de l'Enluminure

Le manuscrit d’Erlangen Le manuscrit sur papier conservé à la bibliothèque universitaire d’Erlangen sous la cote MS. B 200 contient 206 feuillets de format moyen (29,5 × 21 cm). Il a été réalisé ou terminé en 1524, comme on verra plus loin. À l’origine, le manuscrit contenait huit feuillets de plus. L’unité de base pour sa composition est la page illustrée : la réglure à l’encre crée un quadrilatère divisé en deux à quatre registres, dont celui central, très souvent carré, contient l’image sur un fond de couleurs, les autres un titulus en allemand, écrit ou peint dans une littera bastarda stylisée et décorative de grand format (les consonnes comme b ou h peuvent arriver à mesurer 2 cm de hauteur). De façon générale, l’écriture, mise en relief dans le registre supérieur, joue un rôle dominant par rapport à l’image, qui, dans le procès de réalisation, a toujours été tracée comme première sur la page . Dans quelques cas, l’image centrale est entourée par un bandeau avec des figures de plus petite taille. Les illustrations ont été réalisées à l’encre puis, selon la coutume de l’époque, coloriées de façon très variée. Eberhard Lutze y a reconnu un artiste responsable de la grande partie des images et un autre auquel on doit seulement quelques illustrations 5 . L’artiste principal utilise une grande variété de couleurs pour les fonds et les figures et privilégie les contrastes forts, d’autant plus que les tituli eux-mêmes sont régulièrement peints (et non pas écrits) en rouge ou en vert. Le manuscrit est divisé en trois parties : la première, la plus longue, comprend les images avec ses tituli (f os 1-150 v°), le reste contient des explications des images (f os 151-192). Sur une partie des images, une référence à ces explications (nommées canones ) guide le lecteur à la deuxième partie (l’indication des folios jusqu’au feuillet 185 est originale). La troisième partie, sans pagination originale, (f os 185 v°-192), est un ajout ultérieur avec des proverbes et des anecdotes écrits en partie par une autre main. Le manuscrit s’achève avec des représentations de labyrinthes, profils architecturaux et voûtes (f os 192 v°-199 v°). Concernant le contenu, le concepteur lui- même le définit au début du manuscrit dans des majuscules fantaisistes : Quodlibetarius (c’est-à- dire Liber quodlibetarius ), « livre fourre-tout », ce qui est rendu en allemand sur la reliure avec Allerley Sach (« Toute sorte de choses »). Ceci rend bien compte du contenu du manuscrit, qui se présente comme une succession de cycles cohérents déployés sur plusieurs feuillets (de deux ou trois jusqu’à quarante), avec des images isolées interposées. Il n’est pas possible d’isoler une règle unique qui aurait été suivie pour la composition de la partie illustrée, mais de façon très générale on reconnaît une distinction thématique fondamentale, qui rappelle en quelque sorte la division traditionnelle de l’univers en macrocosme et microcosme : – le monde vu dans son apparence physique (f os 1-53 v°) – l’homme (corps humain, médecine, métiers, sports et loisirs (f os 54-150 v°). Il n’est pas possible ici de traiter en détail le contenu du manuscrit, mais un regard sur les cycles plus importants permettra de s’apercevoir de la richesse et de la complexité du Quodlibetarius. 8 Art de l’enluminure Page de droite : Canones (explications à la fin du manuscrit), Erlangen, Universitätsbibliothek MS. B 200, f° 151. Ci-dessous : La création du monde, cinquième jour , Erlangen, Universitätsbibliothek MS. B 200, f° 4.

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