Extrait Virgule

L es premières œuvres littéraires grecques connues sont l ’Iliade et l’ Odyssée , deux très longs poèmes épiques, ou épopées , c’est-à-dire des récits célé- brant la gloire et les exploits de héros légendaires. Ces deux épopées sont attribuées à Homère, qui aurait vécu au VIII e siècle avant J.-C., au temps des aèdes : ce mot désigne les plus anciens poètes grecs, qui étaient aussi chanteurs et musiciens ; ils composaient des vers, qu’ils chantaient ou récitaient en s’accompagnant d’un instrument de musique. L’ Iliade débute ainsi : « Chante la colère, déesse, du fils de Pelée, Achille » … Et voici les premiers mots de l’ Odyssée : « Muse, conte-moi le héros aux mille ruses, qui erra sans fin […]. Fille de Zeus, conte un peu ces exploits ! » Tout commence, donc, par une invocation, une prière à la déesse, la Muse , fille du grand Zeus (le roi des dieux grecs). Et cette Muse est clairement pré- sentée comme l’inspiratrice de l’aède : c’est elle qui lui fait don de la parole poétique, et c’est elle qui lui révèle ce qu’il doit conter. Dans l’ Iliade , Homère raconte un épisode de la légen- daire guerre de Troie, qui opposa les Grecs, aussi appe- lés Achéens ou Danéens, aux Troyens. Et, au moment de nommer les illustres Danéens qui participèrent à cette guerre, le poète fait appel aux Muses : « Et maintenant, dites-moi, Muses, habitantes de l’Olympe – car vous êtes, vous, des déesses : partout présentes, vous savez tout, tandis que nous ne savons rien […] – dites-moi quels furent les chefs et les princes des Danéens » . Les Muses savent tout, affirme Homère, car elles sont par- tout présentes et en tous les temps : elles conservent la mémoire des événements du passé, et des noms et des exploits des héros. Dans l’ Odyssée , Homère fait dire à Ulysse que « les aèdes sont dignes d’honneur et de respect, parce que la Muse leur a enseigné leurs chants et qu’elle aime la tribu des chanteurs. » Et, par ailleurs, dans un épisode qui se déroule aux enfers, le poète fait dialoguer les âmes de deux héros de la guerre de Troie, Agamemnon et Achille. Agamemnon, qui est mort après Achille, et a assisté à ses funérailles, lui raconte comment s’est déroulée la cérémonie, et notamment ceci : « les neuf Muses de leurs belles voix chantèrent en ton honneur un thrène » . Ce thrène – un chant funèbre –, ajoute Agamemnon, a ému jusqu’aux larmes toute l’assistance. Celles qui savent tout Les muses inspirent le poète Alfred de Musset, collage de Solange Gautier © Collection Solange GAUTIER/KHARBINE-TAPABOR. © akg-images / Werner Forman ▲ Ce marbre sculpté représente la gloire d’Homère : le poète est figuré assis, en bas à gauche, entouré de personnages qui le vénèrent comme un dieu. Tout en haut, trône Zeus le roi des dieux, accompagné de ses filles, les Muses. Homère, donc, évoque tantôt la Muse, tantôt les Muses. Il nous apprend que les Muses sont neuf filles de Zeus, qu’elles font partie des divinités qui séjournent sur le mont Olympe (la demeure des grands dieux grecs) et qu’elles sont les protectrices et les inspiratrices des aèdes.

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