Extrait L'Objet d'Art

SPAENDONCK Le talent et l’entregent ont valu à Van Spaendonck une brillante carrière officielle que n’ont pas contrariée les changements successifs de régimes. Ce digne héritier des peintres de fleurs néerlandais du Siècle d’or s’est aussi imposé comme un enseignant et un mentor de premier plan. (1746-1822) / Par Alexis Merle du Bourg « Un goût parfait de délicatesse dans les sentimens [ sic ], d’urbanité dans les manières, un jugement sain, un caractère modéré, un cœur droit […]. » Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, Funérailles de M. Van Spaendonck , 1822. INFLUENTS PROTECTEURS LE CHOIX DE LA FLEUR GÉRARDVAN Célèbre en son temps, Gérard van Spaendonck est aujourd’hui à peu près inconnu du public 1 . Il occupe pourtant une place éminente parmi les artistes originaires des Pays-Bas qui, appuyés sur l’une des plus fortes traditions picturales européennes, firent brillamment carrière en France. Le futur peintre naquit à Tilburg, dans le Brabant-Septentrio- nal, en 1746 dans une famille bourgeoise de confession catholique. Ce sont probablement les revers familiaux qui le conduisirent, ainsi que son jeune frère, Cornelis, à vouloir embrasser la carrière artistique. En 1764, il est formé à Anvers par Jacob III Herreyns, peintre décorateur sur meubles qui lui enseigne les rudiments de la peinture de nature morte. Après son retour aux Pays-Bas, on le retrouve à Bréda, œuvrant comme décorateur lors de la visite du prince d’Orange-Nassau et « stadhouder » Guillaume V. En 1769, il gagne enfin Paris où il se spécialise d’abord dans une tâche modeste qui se révèlera judicieuse. Van Spaendonck fut en effet parmi les premiers à orner les tabatières de compositions florales en lieu et place des portraits, plus communs. Ces babioles participant du commerce du luxe se révélèrent un bon moyen d’attirer l’attention, et bientôt le patronage d’un de ces person- nages sans lesquels nul ne saurait s’imposer à Paris. Pour le jeune Hol- landais, cet homme sera Claude-Henri Watelet. Ayant hérité de son père une charge de Receveur général des finances de la généralité d’Orléans, Watelet avait tout le loisir et les moyens de se consacrer à son goût pour l’art. Collectionneur, graveur émule de Rembrandt, critique d’art et homme de lettres passionné d’architecture paysagère, ce compagnon des encyclopédistes est en outre « associé libre » de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il est, enfin, élu à l’Académie française en 1761. Protégé par cet éminent personnage qui lui ouvre non seulement les portes du logement dont il dispose au Louvre, mais encore celles de son enchanteressemaison de campagne de Moulin-Joly fréquentée alors par les artistes, les savants et par la cour même, Van Spaendonck devient une figure à la mode dans le monde des arts. Bientôt, il est même contraint de refuser des commandes. Nicolas Antoine Taunay, Portrait de Gérard van Spaendonck , 1813-1815 Huile sur toile, 51,5 x 42 cm Bois-le-Duc, Het Noordbrabants Museum Photo The Noordbrabants Museum,´s-Hertogenbosch 14 HORS-SÉRIE LES HOLLANDAIS À PARIS

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