Extrait L'Objet d'Art

1 JUILLET-AOÛT 2019 L’OBJET D’ART L e Comité du patrimoine mondial tient à Bakou du 30 juin au 10 juillet sa 43 e conférence. Depuis sa promulgation en 1972, 193 États parties ont adopté sa Convention et siègent à tour de rôle auComitépour valider ounon l’inscriptiondenouveaux sites sur la Liste du patrimoine. Le Comité actuel examine ainsi à Bakou 36 nouvelles propositions d’ins- cription. La diversité des sites candidats parle d’elle-même : sanctuaire d’oiseauxmigrateurs le longdu littoral de lamer Jauneet duGolfedeBohai en Chine, sites de métallurgie ancienne du fer au Burkina Faso, tertres funéraires du Japon ancien, cité de Liangzhu en Chine, sites de jarres mégalithiques au Laos, cité de Jaipur en Inde, paysages d’élevage et de dressage de chevaux d’attelage de cérémonie en Tchéquie, édifice royal deMafra et sanctuaire duBon Jésus duMont deBraga auPortugal, limes duDanube (frontière de l’Empire romain) en Europe centrale, collines du Prosecco en Italie, architectures de Frank Lloyd Wright aux États-Unis... Bref, unemoissonde nouvelles étapes dans ce riche et insolite voyage à travers le patrimoine de l’humanité qui compte déjà 1092 sites inscrits. Un voyage également révélateur de l’originalité de la Convention dès sa création : associer la protection du patrimoine naturel à celle du patri- moine culturel, une volontépionnièrenéeavec la sauvegardede temples Miracle et paradoxes d’Abou Simbel en Égypte et celle d’autres grands sites, comme Venise et sa lagune, dans la seconde moitié du XX e siècle. Les États-Unis d’Amérique jouent alors un rôle moteur dans la mise en œuvre de cette volonté novatrice, demandant, lors d’une conférence à laMaisonblanche en1965, la créationd’une Fondation internationale du patrimoine mondial pour protéger « les lieux, les paysages et les sites historiques les plus extraordinaires pour le présent et l’avenir de toute l’humanité ». Paradoxalement ce sont cesmêmesÉtats-Unisqui, restésmembres des États parties de la Conventionmalgré leur retrait de l’Unesco en2017, ont annoncé, sous la férule erratique de leur président, leur désengagement des accords de Paris sur le climat, aumépris de l’actualité toujours plus brûlante du réchauffement climatique et de ses menaces sur l’envi- ronnement naturel et culturel. Combien de sites classés au Patrimoine mondial, à l’instar de Venise, Syracuse, la cité médiévale de Rhodes et bien d’autres encore sur le pourtour méditerranéen, risquent-ils d’être engloutis par la montée des eaux ? Chère lectrice, cher lecteur, réjouissez-vous pourtant ; nous avons, à l’aube de cet été caniculaire, deux bonnes nouvelles : la première est que l’imprimeriede votremagazine favori, situéeà Langres àplus de450 mètres d’altitude, est pour l’instant protégée des menaces diluviennes. Vous pourrez donc continuer à lire sereinement les publications des Éditions Fa- ton tout au long du troisièmemillénaire. La seconde est que le Comité du Patrimoine mondial, fidèle à son rôle de lanceur d’alerte et d’ange gardien, vient d’ajouter aux trophées de ses victoires la petite églisede laNativité àBethléem, le lieudenaissance de Jésus ; figurant sur la liste des sites en péril de- puis 2012, elle peut désormais en être retirée. Un miracle pour une chrétienté d’Orient devenue mar- tyre et toujours plus menacée ? La basilique de la Nativité à Bethléem. © DR ÉDITORIAL

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz