Extrait L'Objet d'Art n°555

61 AVRIL 2019 L’OBJET D’ART Il n’est donc pas certain qu’Adriano ait travaillé à Dresde. Enfin, le dernier document le concernant est son acte de décès, le 12 juin 1499 à Florence, moins de trois se- maines après le certificat cité plus haut. Comme nous le verrons, malgré ce document, la date de sa mort est la plus problématique de sa courte biographie. UN RARE CORPUS D’ŒUVRES SIGNÉES Face à la pauvreté de ces faits, nous possédons un exceptionnel ensemble d’œuvres signées, jusqu’en Allemagne, une situation sans équivalent pour la sculpture en bronze du Quattrocento. Nous avons déjà mentionné le célèbre groupe de Bertoldo, qui aurait été fondu avant 1486 et le début de sa carrière avec l’ingé- nieur Buonaccorso. La double signature, selon nous, ne permet pas d’indiquer une relation demaître et d’élève, comme on l’écrit souvent, mais au contraire la parité entre les deux hommes. Les deux autres statuettes de bronze qui portent le nom du sculpteur, la Vénus anadyomène et le Satyre posent autant de ques- tions qu’elles ne nous en apprennent sur ce sculpteur hors norme. Toutes les deux, par leur inspiration, leur taille et leur matériau, s’inscrivent dans le renouveau de la petite plastique en bronze à l’imita- tion de l’antique dans la seconde moitié du XV e siècle. Si l’on se fie à la date de mort d’Adriano, ces statuettes sont antérieures aux créations de l’Antico, de Severo de Ravenne ou d’Andrea Riccio et appartiennent au groupe très réduit des « incunables » du petit bronze. Leur précocité placerait Adriano parmi les artistes les plus novateurs de son temps, comme Antonio del Pollaiuolo. Beaucoup moins connue que ces deux bronzes, la statuette de marbre conservée à Berlin est tout aus- si importante par son thème. Elle montre un homme endormi sur un crâne, un motif de vanité bien connu mais dont c’est l’une des toutes premières expressions. La nébride et les pampres rattachent ce personnage au monde dionysiaque et son sommeil à l’ivresse. La dépouille d’animal se superpose à la jambe de l’homme, qui semble semétamorphoser en satyre. Adriano signa cette œuvre très en évidence sur la terrasse, dans les mêmes lettres capitales à l’antique qu’il aimait utiliser. Adriano Fiorentino, Vanité . Signé « HADRIANVS / F. F. » Marbre, 23,8 x 48,5 x 28 cm. Berlin, Bode-Museum. © Staatliche Museen zu Berlin Preussischer Kulturbesitz, Skulpturensammlung und Museum für Byzantinische Kunst / Photo : Antje Voigt

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