Extrait L'Objet d'Art

scénographie dumuséemet en exergue uneœuvre qui donne la clé du propos : une terrine du Grand Vermeil, au couvercle sommé de la Ville de Paris. À l’instigation du préfet de la Seine, la Ville de Paris offre en décembre 1804 au souverain le « Grand Vermeil », ou orfèvrerie d’apparat destinée à la table impériale. L’orfèvre Henry Auguste assume cette commande de 746 pièces de vermeil, passée en septembre 1804 avec une exigence de délai de livraison très court et pour cette raison pro- bablement répartie en fait entre plusieurs confrères. Le payeur, la Ville de Paris, se fait représenter sur son somptueux cadeau par une figure coiffée d’unemuraille crénelée et tenant un écu où flotte la nef de Lutèce. Pour illustrer la prépondérance de la France, mère des armes et des arts, une même vitrine rassemble à des- sein armes de luxe et objets d’usage ou d’ornement, tous également encodés de références artistiques. Se dresse tout d’abord un fusil dont la fabrication a exigé le concours de plusieurs artisans. L’arquebusier Armand a conçu l’arme et coordonné l’assemblage des pièces. Le canonnier Dombret a fourni le canon, en acier da- mas à ruban « soudé à l’argent », détail technique que souligne fièrement une mention damasquinée à l’or. Le graveur Fouquet a multiplié les motifs du répertoire cynégétique : chien courant poursuivant du gibier, la déesse Diane, l’imprudent chasseur Actéon, ou encore ARTISANAT DE LUXE ET FOURNISSEURS DE LA FAMILLE IMPÉRIALE La production française de luxe se concentre en large part à Paris. Cette production revêt plusieurs formes juridiques, de statut public comme privé. La manufac- ture impériale de Sèvres est une manufacture dans la main de l’État, et la manufacture d’armes de Versailles une manufacture en commandite menée par Boutet, «directeur artiste», tandisques’épanouissent lesentre- prisesprivées, quedirigentMartin-GuillaumeBiennais, ta- bletier devenu orfèvre, et l’orfèvre Jean-Baptiste Odiot. Ces fournisseurs de la Famille impériale couvrent toute la gamme des produits de luxe recherchés : porcelaine pour l’ameublement palatial, la table impériale et les étrennes impériales, armes pour cadeaux et récompenses, nécessaires en vogue, orfèvrerie et argenterie en usage dans une société nouvelle avide d’étaler sa richesse née de l’ordre impérial. L’Europe entière vient se fournir à Paris. La nouvelle Henry Auguste, terrine du Grand Vermeil, 1789-1804. Vermeil, H. 51 cm. © RMN-Grand Palais (château de Fontainebleau) / Thierry Ollivier 62 L’OBJET D’ART AVRIL 2018 À Fontainebleau le musée Napoléon I er poursuit sa mue

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