Histoire de l'Antiquité à nos jours

21 Une croyance judéenne La destruction du Temple de Jérusalem par Titus en 70, tableau de Nicolas Poussin (1594-1665), vers 1638/39. Kunsthistorisches Museum, Vienne, © Bridgeman Images/Leemage. Les zélotes Le mouvement des zélotes émerge avec l’insurrection du pharisien Judas deGamala, dit leGaliléen, en 6 ou 7 de notre ère, contre le recensement de Quirinus. Leurs membres sont issus des couches les plus pauvres de la société judéenne, notamment de la paysannerie. Ils refusent de reconnaître toute autre forme de pouvoir que celui de Dieu afin de favoriser l’accomplissement eschatologique des prophéties. Selon Flavius Josèphe, leur doc- trine est proche de celle des pharisiens. Un autre mouvement, proche des zélotes, sicaires, n’hésite à assassiner les Judéens qui collaborent avec les autorités romaines. Ces deux mouve- ments participent à instaurer un climat d’insécurité en Palestine. La diaspora La majorité des Judéens n’a pas forcément de lien avec les mouve- ments judéens palestiniens. En effet, la plupart d’entre eux vit dans les provinces orientales de l’Empire romain : « La Ville sainte (…) est la métropole non pas d’une seule contrée, la Judée, mais de beaucoup d’autres, car elle a envoyé des colonies dans les pays environnants (je pense), l’ É gypte, la Phénicie, la Syrie, la Co œ lé-Syrie, ou des pays plus éloignés, Pamphylie, la Cilicie et la plupart des autres provinces de l’Asie, jusque dans la Bithynie et les parties les plus reculées du Pont. Elle en a même envoyé en Europe, dans la Thessalie, laBéotie, laMacédoine, l’ É to- lie, l’Attique, Corinthe et les principales contrées du Péloponnèse. Et ce n’est pas seulement les provinces du continent qui sont semées de nom- breuses colonies judéennes, mais aussi les îles les plus célèbres, l’Eubée, Chypre, la Crète. Je ne parle pas de celles qui sont au-delà de l’Euphrate : à part une légère fraction de la Babylonie et de quelques autres satrapies, toutes les villes de ces contrées, qui ont un sol fertile, sont habitées par des Judéens »(Philond’Alexandrie, Leg.AdCaium ,281-282).CesJudéens de la diaspora sont imprégnés de la culture grecque dont ils parlent la langue. Le Temple de Jérusalem est au centre de leur adhésion au judaïsme : « Ils (les Judéens de la diaspora) reconnaissent comme villemère la Ville sainte dans laquelle est bâti le temple sacré duDieu très haut » (Philon, Contre Flaccus , 46). Ce lien s’exprime par la collecte d’unesommed’argentverséepartouslesJudéensdeplusde20ans: « Voici ce que donneront tous ceux qui sont compris dans le dénombre- ment : un demi-shekel, selon le shekel du peuple » (Exode, 30, 13). Ils sont structurés autour de l’institution synagogale, dont les activi- tés sont centrées sur l’étude de la Loi et sur la prière : « Quant à eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et s’assirent. Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : “Frères, si vous avez quelque parole d’encouragement à dire au peuple, parlez.” » (Ac., 13, 14-15). Après la destruction du Temple en 70, la majorité des Judéensde ladiasporademeure toujoursattachéeàce judaïsme synagogal et non au judaïsme rabbinique, qui mettra plusieurs siècles à imposer sa conception du judaïsme.

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