Histoire de l'Antiquité à nos jours

19 Marcel Thaillard, jeune homme originaire de Bouzanville (Meur- the-et-Moselle), village de 172 habitants au moment de la guerre, est né le 9 juin 1896. Il est le fils d’un propriétaire exploitant, Man- suy Thaillard, originaire de Fraisnes-en-Saintois et d’une dentel- lière, Céline Didrit, native de Bouzanville. Comme beaucoup de Français, ce jeune domestique qui a quitté le foyer familial dès ses 15 ans est persuadé que la guerre qui vient de commencer va être courte et verra la France victorieuse. Son grand-père, Victor Nicolas Mansuy Thaillard, sergent au 94 e RI, avait notamment combattu pendant la guerre de Crimée (1853-1856) et la guerre franco-prussienne (1870-1871). Fier de cet aïeul, il s’est alors engagé dès lemois de juin 1913, à 17 ans, au 12 e escadron du train des équipages militaires. Grâce à sa petite-nièce, qui a précieusement conservé une ving- taine de lettres et de cartes qu’il a envoyées à ses parents, sa sœur Germaine, son beau-frère Louis et son neveu André, entre le 1 er décembre 1914 et le 28 mai 1916, nous pouvons suivre, à peu de chose près, le parcours de cet inconnu, témoin malheureux de la Grande Guerre, qui mourra durant l’attaque allemande du 1 er juin 1916, près de Douaumont, en Meuse. Avec cette corres- pondance, on saisit le quotidien des poilus dans une guerre terrible où le réconfort passe par la nourriture et la boisson, mais aussi par la lecture des lettres envoyées par les proches. Au-delà des fautes d’orthographes et de grammaire, de l’absence de ponctuation, communes à nombre de soldats de l’époque, les écrits de Marcel Thaillard constituent un témoignage précieux et émouvant. Engagé volontaire au 12 e escadron du train des équipages militaires À la déclaration de guerre, le 3 août 1914, Marcel Thaillard fait déjà partie du 12 e escadron du train des équipages militaires, unité basée à Limoges, en Haute-Vienne. Ce régiment mobilise les unités de transports, coordonne la logistique, le transport (matériel, munitions ravitaillement) et l’appui au mouvement (notamment la circulation routière) pour le 12 e corps d’armée, dépendant de la 4 e armée. Le 20 août 1914, alors que Marcel Thaillard et son régiment suivent l’une des unités d’active du 12 e corps d’armée, son cou- sin germain, Antoine Canel (fils de sa tantematernelle), soldat au 79 e RI, est fait prisonnier à la terrible bataille deMorhange où les troupes françaises ont étémalmenées et oùmorts et prisonniers ont été nombreux. Interné au camp de Suttgart-Heilbronn, près d’Ulm, ce cousin décédera le 28 octobre 1918, quelques jours avant l’Armistice. Marcel a-t-il été au courant de la capture d’An- toine Canel ? Probablement. Marcel Thaillard avec ses camarades du 12 e escadron du train des équipages militaires. D. R.

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