Extrait Dossier de l'Art

DOSSIER DE L’ART 265 / 9 1864 : un écrin pour le musée À sa mort en 1851, le militaire Philippe-François Durzy (1764-1851) lègue son immense fortune à Montargis, sa ville natale, pour qu’elle fonde un établissement à son nom, qui rassemblerait une école professionnelle gratuite et une bibliothèque publique. La fondation Durzy est créée par décret impérial en 1855 pour donner corps à ses volontés testamentaires, sous la conduite d’une commission d’admi- nistration. Moins d’un an plus tard, cette dernière propose d’inclure le musée aux enseignements de la future école comme support pédagogique – support d’autant plus utile que certains cours formeront les élèves qui le souhaitent aux grandes écoles d’arts et métiers de France. En 1857, la commission décide de construire un bâtiment ex nihilo , situé sur le pré Laleu, à mi-chemin entre les prin- cipaux quartiers historiques de la ville. Sous la conduite de Delton (architecte de Paris) et Legrand (architecte de Montargis), les travaux s’échelonnent de 1859 à 1864. Édifié dans un style néoclassique, le bâtiment est entouré d’un jardin qui sera progressivement aménagé selon une esthé- tique romantique. Plusieurs personnalités locales prennent part au chantier : Henry de Triqueti (1803-1874), sculpteur originaire de la région, orne la façade extérieure de plu- sieurs moulages d’antiques commandés en Angleterre et d’un fronton porteur d’une allégorie de l’art, de la science et de l’industrie, en lien avec la triple vocation de la fon- dation. À l’intérieur, il oriente l’aménagement des salles du premier étage, destiné à accueillir la bibliothèque, dont il dessine le mobilier, et les objets d’art. Il s’inspire pour cela du musée du Louvre, dont il adopte l’enfilade de galeries oblongues reliées par un salon carré et l’éclairage zénithal. Citons aussi Alexandre Dumeis (1808-1864), peintre mon- targois qui étudie la peinture auprès de Girodet, dont il fut particulièrement proche et auquel il voua toujours une forte admiration. Avec Auguste Chaignon et Clément Vivet, il décore les plafonds du premier étage. En 1864, le musée et la bibliothèque ouvrent au public, tandis que l’école est inaugurée l’année suivante. Celle-ci connaît d’abord un franc suc- cès, puis quitte les lieux en 1881, faute d’inscrits, sans remettre en cause la présence du musée et de la bibliothèque. Dès 1863, Alexandre Dumeis décorait le plafond de la galerie de peinture du musée de vues immortalisant des sites fameux des environs, telle l’abbaye de Ferrières (p. 70). La frise ionique des Panathénées au Parthénon, ornant le haut du sekos, espace sacré qui contenait la statue d’Athéna, représente le modèle absolu de l’art grec classique. La majeure partie de ces bas-reliefs, conservée au British Museum, fut très admirée par Henry de Triqueti quand il séjourna à Londres. Il admirait la pureté de cet art, « sobre dans son relief » et « mesuré dans sa composition ». C’est pourquoi il fit installer des moulages de certaines de ces figures comme modèles dans l’escalier menant à la bibliothèque de la fondation Durzy, aujourd’hui escalier Est du musée.

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