Extrait Archéologia

6 DANS LES MUSÉES ans les musées MOBILIER DE LA TOMBE D'UN OFFICIER ROMAIN Découvert à Chassenard (Allier) en 1874. Vers 40 avant J.-C.© RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) / Daniel Arnaudet CI-CONTRE Fragment du ceinturon (détail). © RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) / Daniel Arnaudet Si le constat consistant à dire que l'homme a tou- jours fait la guerre apparaît comme une évidence, la surprise vient quand le commissaire de l'événement, Olivier Renaudeau, affirme qu'il y a également des constantes fortes entre le soldat de la légion romaine et le militaire français qui part en Syrie, au Mali ou en Afghanistan. « Chargé d'armes et de munitions, le soldat est ainsi, depuis des millénaires, confronté à la nécessité de manger, de se chausser, de se distinguer de ses adversaires et de se protéger de leurs coups. » Il s'agit là du point de départ de ce projet d'exposition : la prise de conscience que l'équipement n'a pas telle- ment changéaufil des siècles,en termede composition et de poids. Et de rappeler que le temps passé au com- bat est infime (5 % du temps) par rapport à l'attente, à la préparation, à l'entraînement ou aux déplacements. INSTANT DE VIE DES SOLDATS Après un passage en revue d'une armée de manne- quins « armés jusqu'aux dents » dans une galerie chronologique sur 2 000 ans d'histoire au rez-de- chaussée, le visiteur découvre un volet thématique à l'étage, autour de la « banalité du quotidien », pourrait-on dire, où sont confrontés des objets de toutes les époques. Ainsi, le couvert de Napoléon I er se retrouve à côté de celui d'un soldat de garnison romaine du I er siècle avant J.-C., d'un autre de la guerre de 1914-1918, et plus loin, d'unmilitaire contemporain – ce dernier pourra les utiliser même en cas d'attaque chimique ou bactériologique… Tout est là : gamelles, poêles pliables, chaussures cloutées, jusqu'aux piquets de tente, comme le prouve celui découvert sur le champs de bataille d'Alésia. Cette continuité est également illustrée par un parallèle émouvant : le mobilier funéraire de la tombe de Chassenard (époque de Caligula), découvert en 1874 et conservé au musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain- en-Laye, est confronté aux objets renvoyés à la veuve d'un sous-officier français mort en Afghanistan en 2010, qu'elle conserve telles des reliques. « Les deux ensembles sont symétriques : d'un côté on a les lunettes de soleil du soldat, de l'autre la visière en fer fixée au casque de parade de ce cavalier pour des fes- tivités équestres ; des médailles face à un torque reçu en récompense ; une petite croix chrétienne contre des amulettes. Ces objets racontent lamême histoire : la carrière d'un soldat, sesmoments de gloire à travers ses décorations, sa personnalité et sa religion. » Aujourd'hui, les conditions de la guerre ont changé : le million de combattants de l'armée française des deux guerres mondiales est retombé aux 15 000 hommes des effectifs médiévaux ou de la Renaissance. Et si la technologie a évolué, « les progrès les plus nets sont à noter dans le domaine médical, et la santé du com- battant ; les chances de survie sont bien meilleures que par le passé » conclut Olivier Renaudeau. S. P. PARIS SE GLISSER DANS LA PEAU D'UN SOLDAT Parler de la guerre non pas sous l'angle des combats et de la stratégie militaire, mais du point de vue du quotidien du soldat, voilà l'approche originale de la nou- velle exposition du musée de l'Armée. Et surprise! On y découvre de nombreux points communs,sur deuxmillénaires,entre les Romains et nos contemporains. INFOS PRATIQUES Dans la peau d'un soldat.De la Rome antique à nos jours , jusqu'au 28 janvier 2018, aumusée de l'Armée, Hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. : 01 44 42 38 77 et www.musee-armee.fr. Ouvert tous les jours de 10h à 17 h. Catalogue, Co-éditionMusée de l'Armée/Gallimard, 256 p., 29 €.

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